Le chevalier noir, le justicier masqué, le plus grand détective du monde, l’homme chauve-souris…
Les surnoms de Batman, l’un des principaux super-héros de la maison d’édition DC Comics, mettent en exergue quelques-unes des différentes facettes de ce personnage sombre, mystérieux et complexe. Depuis sa création en 1939, par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger, Batman n’a cessé d’être requalifié jusqu’à multiplier tous les paradoxes identitaires : justicier violent refusant les armes létales, hors-la-loi collaborant avec la police, âme solitaire entourée de nombreux compagnons, super-héros surpuissant dépourvu de pouvoirs… Rarement un héros de bande dessinée aura avoué une telle plasticité et aura supporté, sans fléchir, les innombrables relectures kaléidoscopiques des multiples artistes chargés de lui faire vivre de nouvelles aventures.
Figure mélodramatique issue du roman-feuilleton, des pulps et du serial, le petit orphelin, traumatisé par l’assassinat de ses parents, est devenu le plus redouté des super-héros en brouillant son image, en y happant d’infinies projections imaginaires, en laissant se développer sa propre chimère. Ce héros ténébreux est une prodigieuse construction fantasmagorique, interrogeant la manière même dont la fiction construit ses idoles. Batman, en fin de compte, n’est peut-être qu’une légende urbaine.
Les Impressions nouvelles, 2019, 128 pages, 12 euros.